dimanche 4 septembre 2011

VIOLENCE FAMILIALE 41e partie

Se voir comme victime

Il est essentiel que la cliente se reconnaisse comme une victime pour être en mesure de rebâtir son estime de soi. Parce que, tant qu’elle ne verra pas l’engrenage où elle se trouve, elle intégrera les paroles dénigrantes et la perception dévalorisante de l’agresseur à son égard.

Il faut un certain temps à un bon nombre de femmes battues pour se voir comme victime de violence. Elles décrivent des situations conflictuelles dans le couple sans évaluer les comportements violents de leur conjoint, les scènes de brutalité n’étant pour elles que les symptômes d’une relation conjugale problématique. Lorsque vous leur demandez si leur partenaire est violent, elles répondent par la négative. Mais elles relatent des situations où leur conjoint les pousse contre le mur, les bouscule et leur serre les bras. Parfois elles mentionnent avoir été giflées. Évidemment, lorsqu’elles reprennent les termes mêmes de leur partenaire, vous y retrouvez des expressions de dénigrement, de mépris et de menace. Cependant, la cliente n’identifie pas le climat conjugal comme étant violent. Ce regard sur la relation de couple ne signifie pas que la cliente soit masochiste, il révèle plutôt la tolérance des femmes, leur intégration de la norme de domination dans le couple, et illustre la règle de violence conjugale, implicitement acceptée dans la société.

Il ne faut pas oublier que la violence entre conjoints a longtemps été considérée comme normale, le viol y était même toléré. Le lien du mariage conférait à l’homme le droit de propriété sur sa partenaire et sur ses enfants. Les mentalités portent encore un relent de ces droits attribués aux hommes. La refonte du Code civil québécois ne date que de 1983. Pour bien des hommes, le mariage est encore un silence qui leur accorde autorité et pouvoir sur leur conjointe. Entre les châtiments corporels et le droit de domination, il n’y a qu’un pas.

Pour la femme violentée, l’identification de la violence se fait souvent par l’intermédiaire d’un tiers – amis, voisins, intervenantes. Se voir comme une victime modifie l’évaluation que se fait la cliente d’elle-même. La perte d’estime de soi n’est pas uniquement due à son appréciation personnelle, elle découle du contexte de violence. Pour augmenter son estime de soi, la victime a besoin de relier sa perte de confiance en soi à la réalité de la violence. Regardons maintenant quelques techniques qui peuvent aider la cliente à reconnaître sa position de victime.

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