mardi 13 décembre 2011

LA DÉTRESSE DES HOMMES - 17e partie

DISCUSSION CLINIQUE SUITE

Une jeune femme africaine et bouddhiste, rapportait qu'à la pire époque du régime congolais, elle avait vu sa belle-soeur se faire assassiner par des soldats africains, alors qu'elle était cachée non loin de là.  Elle avait pu quittter le Congo juste après cet événement.  Dès son arrivée au Canada, elle fût adressée à la consultation psychiatrique pour des céphalées, des troubles de la concentration, et une hyperémotivité avec de brusques variations de l'humeur.  À aucun moment elle ne fit mention de mauvais rêves; son sommeil était bon, disait-elle, sauf que régulièrement sa belle-soeur défunte venait, dans sa chambre, lui dire et lui faire des choses terribles.  Il ne s'agissait ni d'un rêve, ni d'un cauchemar, mais bien d'une expérience vécue, puisqu'elle ne survenait pas pendant son sommeil, affirmait-elle.  Devant la force de cette sensation, les catégories du sommeil et du rêve semblaient n'avoir aucune pertinence pour cette patiente; en effet, elle ne disait pas "je crois que", ni même "je vois ou je pense que", mais elle affirmait, avec conviction, que sa belle-soeur venait, était présente, et qu'elle agissait dans la pièce.  Par contre, elle réfutait tout lien entre les visites de sa belle-soeur et les symptômes dont elle se plaignait.  Pour ses proches aussi, deux réalités distinctes semblaient se juxtaposer: d'une part, les déboires nocturnes occasionnés par l'esprit de malemort (bien qu'eux-mêmes ne l'avait jamais rencontré), et d'autre part, une grande fatigue, un malaise général, et des modifications de son comportement: et si tous s'accordaient à la reconnaître comme malade, aucun ne laissait entendre que cette maladie fût causée par l'esprit de la belle-soeur.  Aussi, l'énonciation par la patiente ou par ses proches d'une rencontre avec un "fantôme" ne nous semble pas traduire une cause, mais à ce stade une expérience.

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