dimanche 22 janvier 2012

LA DÉTRESSE DES HOMMES - 32e partie


INSATISFACTION AFFECTIVE
L’homme en détresse a besoin d’être aimé  Ce besoin répond à une frustration primaire d’enfance, une insatisfaction affective.  La tendresse le rassure sur l’appréciation de son entourage en plus de sa valeur propre de consolation. Son comportement peut se résumer ainsi : receptivité à l’offense, même très minime  et involontaire, refoulement, bouderie, rétraction, effervescence psychique, abattement, inactivité après l’offense.  Mais il ne suffit pas d’être en détresse pour être souffrant, il faut que cette souffrance se porte sur un point spécifique, le désir d’être aimé, estimé.  Il faut aussi que la pensée du sujet s’attarde sur une idée négative, qui le diminue à ses propres yeux - l’homme en détresse est réceptif à la moindre blessure ou atteinte morale parce que son psychisme est tellement tendu vers l’appréhension de la ressentir, qu’il la ressent à la première occasion, puis il craint beaucoup les explications avec autrui, car son sentiment d’infériorité lui fait craindre de ne pas être en mesure d’y répondre - Ceci occasionne des malentendus donc des paroles et des gestes mal interprétés. D’ailleurs, il les interprète toujours dans le sens qui lui est le plus défavorable.  Il ne cherche pas à comprendre le véritable sens des faits. Il s’accuse, se met en cause, se trouve plusieurs raisons de mériter une défiance ou une désapprobation d’autrui.  Il n’essaie pas de faire une juste part des faits et des personnes.  Il a une occasion, une nourriture à son inquiétude et son infériorité.  Il se complaît à la ruminer lentement, sûrement, jusqu’à ce qu’elle ait réussi à le diminuer encore davantage à ses propres yeux.  Cette complaisance se poursuit, il n’accepte pas qu’on vienne l’en distraire ou la lui faire oublier. L’homme en détresse dont l’émotivité est agacée jusqu’à la susceptibilité et la susceptibilité maladive, où qu’il se trouve. Si bien que la plaisanterie, la raillerie, la rudesse de parole, qu’elle soit adressée à sa personne ou aux autres, exerce sur lui un attrait plus que n’importe quelle autre attitude humaine.
Il est celui qui réagit le plus fortement et le plus tristement à la plaisanterie et à la raillerie.  Si bien que certaines personne hardies, s’apercevant de sa réaction automatique, prennent un malin plaisir à le tourmenter. Il souffre d’être la cible des uns, et s’imagine en même temps qu’il est celles des autres et du monde entier.  Cette susceptibilité soutenue par un sentiment d’infériorité très net, lui dessine une personnalité craintive, sans hardiesse, sans enthousiasme.  Il devient timoré, gauche dans ses gestes qu’il sent surveillés, la voix mal assurée, lent dans ses répliques, peu sociable, ayant peu d’amis.
Tout ceci l’expose à le faire remarquer dans un groupe, puisqu’il ne fait pas comme les autres.  Plus il cherche à s’effacer, à rester dans son coin pour éviter les railleries, et plus il s’expose à en recevoir.
Au cours d’une conversation, la plus intéressante soit-elle, l’homme en détresse ne sera jamais captivé longtemps par le sujet principal, très vite il se tiendra à nouveau sur ses gardes et réservera son attention aux paroles obscures et équivoques qu’il traduira presque instantanément comme des insinuations malveillantes.  Insinuations qu’il s’appropriera sans penser qu’elles pourraient être adressées à des milliers d’autres personnes.....si insinuation il y a......
Ce qui frappe l’entourage de l’homme en détresse, c’est la disproportion entre la petite offense faite par un railleur (en admettant qu’il y en ait un) et l’intensité de la réaction de l’homme en détresse, qui peut aller de la vexation à la bouderie puis à une colère concentrée, prolongée, qui éclatera après une certaine limite de fatigue et de tension.
Chez tous les hommes en détresse en général, c’est l’absence de mesure (absence d’équilibre) qui les caractérise.  L’homme en détresse, donc, ne limitera pas une plaisanterie en champ de la plaisanterie.  Il imaginera interprétations péjoratives et malveillantes aux actes innocents et aux paroles anodines. En toute chose, il est porté à dépister une intention de blesser, les circonstances les plus opposées servent d’aliment à la susceptibilité. Une préférence qui luil est accordée par un tiers peut l’offenser comme un vole au même titre que si cette personne donnait sa préférence à un voisin.  L’entourage ne peut pas toujours prévoir sa réaction, même si l’on est habitué à sa façon d’agir, on reste toujours étonné qu’il se vexe pour des futilités, un mépris imaginé l’obsède, et il a toujours peur de perdre l’estime d’autrui, une simple diminution d’attention, trouble son sommeil et son appétit et son ardeur au travail.  Les compliments même altèrent sa paix intérieure.  Il goûte d’abord une joie extrême, mais le besoin de se tourmenter le reprend, il repasse en esprit la louange: un examen minutieux (obsédant) lui fait découvrir un reproche dissimulé, c’est la caractéristique de son inquiétude.

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