mardi 18 septembre 2012

LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 3e partie


THÉORIES DE JUSTIN DEVOT

Réformons la mentalité haïtienne

Dès 1901, Justin Devot dans deux brochures a) “Le travail intellectuel et la mémoire social”et b) “L’État mental de la société haïtienne”, signale les imperfections de notre société au point de vue de sa constitution mentale. La pensée de Justin Devot est à peu près celle-ci:

“Puisque sous la complexité des faits sociaux, il importe de rechercher la cause ou les causes qui les produisent; puisque toute société est un organisme un peu plus compliqué qu’un autre, mais comme l’autre obéissant à des lois : lois d’adaptation, lois de concurrence vitale, j’en passe, qu’une observation attentive a pu mettre en lumière; recherchons les causes et les lois qui font de notre société ce qu’elle est actuellement : un ensemble inorganisé, un monde embryonnaire, où se trouvent des tendances, mais non une direction...”

Il est des causes historiques que le “sociologiste” ne peut que constater pour montrer leur action dans le passé et leur projection dans le présent.  Il est des causes actuelles, sociales, morales, mentales : nous pouvons agir sur celles-ci pour la réforme de la mentalité haïtienne, en nous donnant une nouvelle discipline intellectuelle, une culture plus appropriée aux besoins modernes...”

(Les deux tendances de S. Pradel, Haïti Littéraire et Scientifique, 5 janvier 1912).

Devot sera suivi de près dans ses démarches par Sténio Vincent , Jacques Nicolas Léger, Dantès Bellegarde, Auguste Magloire qui, dans des disciplines diverses se rattachant à la sociologie, ont voulu tirer la connaissance exacte des faits sociaux et de leur observation dans l’histoire, trouver des indications sur les directives à donner dans le présent et la modification des courants sous l’empire desquels une transformation morale est possible.

Les oeuvres de ses théoriciens n’ont pas fait beaucoup d’écho en leur temps et sont à peine parvenu jusqu’à nous.  Ce n’est pas une raison cependant de sous-estimer leur apport dans l’élaboration du mouvement de la Ronde et des autres grands mouvements scientifiques qui verront le jour après 1915.  Il suffit de rappeler que c’est dans La Ronde et dans Haïti Littéraire et Sociale que Jean Price Mars, l’un des plus grands théoriciens de l’indigénisme fit des débuts timides sous l’oeil avisé de Justin Devot, de Georges Sylvain et de Frédéric Marcelin.

C’est à partir des théoriciens de la Ronde (On ne l’a jamais souligné) qu’on a commencé à apporter plus de méthodes dans l’observation du milieu, plus de rigueur scientifique dans l’étude de l’histoire et un esprit de recherche plus exact dans l’analyse des causes.

Conclusion

Ces sept groupes de théories littéraires ont entre eux beaucoup de liens.  Elles renseignent sur l’atmosphère générale de l’époque et justifient le titre “Les Deux Tendances” donné par Seymour Pradel à deux articles publiés dans Haïti Littéraire et Scientifiques (5 janvier et 5 mars 1912).

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